Titres Titres
Les stablecoins sont des cryptomonnaies dont la valeur est arrimée à un actif de référence, souvent le dollar américain ou l’euro. À la croisée de la finance traditionnelle et des technologies décentralisées, ils suscitent l’intérêt des investisseurs, des régulateurs et du grand public.
Une définition simple pour un concept hybride
Un stablecoin est une cryptomonnaie conçue pour conserver une valeur stable dans le temps. Contrairement au Bitcoin ou à l’Ethereum, très volatils, les stablecoins sont adossés à un actif sous-jacent : une monnaie fiduciaire (comme le dollar ou l’euro), une matière première ou même un autre actif numérique.
Il en existe plusieurs types : collatéralisés par des réserves (USDT, USDC, EURC), ceux gérés par algorithmes (DAI, UST) ou encore synthétiques. Leur fonctionnement repose souvent sur des smart contracts et des mécanismes d’émission/destruction pour ajuster l’offre à la demande.
Une naissance discrète devenue un tournant
Le premier stablecoin notable est apparu en 2014 : Tether (USDT), arrimé au dollar. Ce projet a introduit l’idée de garantir un actif numérique par une réserve physique, souvent déposée dans une institution bancaire.
La capitalisation de ces tokens a explosé : en mai 2024, elle dépassait 150 milliards USD, USDT représentant plus de 70 % du marché.
Le succès des stablecoins montre une demande mondiale pour un dollar programmable, accessible partout, tout le temps
Jeremy Allaire, PDG de Circle, en 2023
Une domination quasi exclusive du dollar
Le marché des stablecoins reste largement dominé par ceux libellés en dollars. USDT (Tether) et USDC (Circle) représentent ensemble plus de 80 % des volumes échangés quotidiennement. Ce monopole s’explique par la place centrale du dollar dans l’économie mondiale et la demande de liquidité en USD sur les plateformes de cryptomonnaies.
Des stablecoins en euros comme EURC (Circle) ou EURCV (SG-Forge) existent, mais leur usage demeure marginal. Ils représentent une tentative européenne de réduire la dépendance au dollar, mais leur adoption est encore limitée à quelques cas d’usage institutionnels ou expérimentaux.
Pourquoi séduisent‑ils autant et où les utiliser
Leur intérêt est multiple : éviter les fluctuations de change, faciliter les transferts internationaux, sécuriser les gains. Ils sont essentiels dans la DeFi, comme garantie ou levier, et servent d’outil de paiement stable.
- Accès à un dollar numérique sans passer par les banques
- Transferts quasi‑instantanés, frais réduits
- Couverture contre la volatilité des cryptos
Réussites, revers et équilibre fragile
Plusieurs projets emblématiques illustrent le potentiel et les limites des stablecoins. USDC, émis par Circle, est souvent cité en exemple pour sa politique de transparence sur les réserves et sa conformité aux standards réglementaires. DAI, stablecoin décentralisé, démontre qu’un arrimage stable peut reposer sur un système sans acteur central.
Mais la stabilité n’est jamais acquise. L’effondrement de l’UST en mai 2022, suite à une perte de confiance dans le mécanisme algorithmique de Terra, a causé plus de 40 milliards de dollars de pertes. Même des projets réputés comme USDC ont été fragilisés : en mars 2023, son exposition indirecte à la faillite de la Silicon Valley Bank a provoqué une chute temporaire de sa valeur, révélant la dépendance aux institutions bancaires classiques.

Face à ces vulnérabilités, le cadre MiCA (entré en vigueur en juin 2024) impose désormais des obligations strictes aux émetteurs en matière de garantie, audit et supervision. Ce tournant réglementaire vise à renforcer la confiance sans freiner l’innovation.
Il est important de garder en tête que les stablecoins ne sont pas sans risque. Même s’ils sont conçus pour être stables, ils peuvent rencontrer des problèmes. Il vaut mieux éviter d’y placer tout son argent et privilégier une répartition diversifiée. Comprendre comment ils fonctionnent et suivre l’actualité du secteur permet de les utiliser avec plus de sécurité.
Avantages fiscaux en France
En France, la conversion d’un crypto-actif en monnaie fiduciaire déclenche l’imposition sur les plus-values, au taux forfaitaire de 30 % (12,8 % impôt + 17,2 % cotisations sociales). En revanche, le passage crypto‑to‑crypto, y compris vers un stablecoin, n’est pas taxable tant qu’il n’y a pas conversion en euro.
De ce fait, convertir ses gains en stablecoins permet :
- de « réaliser une plus‑value » sans générer d’imposition immédiate
- d’optimiser la situation fiscale tout en sécurisant les gains
- de reporter l’imposition jusqu’à la conversion finale en euros
Ce mécanisme, bien qu’autorisé, doit être utilisé avec prudence : les lois fiscales évoluent, et un usage abusif pourrait attirer l’attention de l’administration fiscale.
Quel avenir pour les stablecoins ?
Leur développement pourrait s’inscrire dans un écosystème combinant MNBC (euro numérique) et stablecoins privés, chacun complémentaire : les premiers pour la souveraineté publique, les seconds pour la DeFi, la tokenisation, les paiements transfrontaliers.
De plus, la démocratisation du crédit lombard adossé à des cryptos, légalisé en France en mai 2025, ouvre des perspectives nouvelles pour l’emprunt avec stablecoins en garantie.
À l’international, les stablecoins pourraient contribuer à équilibrer les flux monétaires, faciliter les échanges et transformer durablement la finance numérique.