Titres Titres
- Un bullrun crypto pas comme les autres
- Les institutionnels ont-ils remplacé les particuliers ?
- Bitcoin Treasury Companies : une nouvelle bulle ?
- Ethereum est-il mort ?
- La fin des altcoins ?
- NFT, ICO, DAO, DePin, RWA… Que faut-il garder ?
- Les stablecoins : la vraie révolution monétaire ?
- Peut-on créer un stablecoin décentralisé ?
- La DeFi : encore un proof of concept ?
- Gestion des clés privées : faut-il vraiment tout décentraliser ?
- Régulation crypto : Europe vs USA
- Les États vont-ils devenir holders de Bitcoin ?
- Les investissements de Hasheur en dehors de la crypto
- Conseils pour les débutants
La scène crypto française a rarement connu une telle effervescence : Finary reçoit Hasheur pour une discussion à cœur ouvert sur l’évolution du marché. Owen Simonin, alias Hasheur, figure emblématique de l’écosystème, échange avec Mounir Laggoune sur un plateau où l’ambiance oscillera entre analyse critique et projections d’avenir.
Leur objectif ? Comprendre les mutations profondes du marché des cryptomonnaies alors que 2025 s’annonce déjà comme une année charnière. Au menu : bullrun moins euphorique que prévu, montée en puissance des institutionnels, difficultés pour Ethereum, retour sur la vague NFT, DAO, DeFi, et les questions clés autour de la régulation ou de la gestion des clés privées.
Depuis le record historique de Bitcoin à plus de 100 000 $, l’écosystème ne cesse de se poser de nouvelles questions : sommes-nous à la fin des cycles de croissance en crypto ? Les innovations récentes tiendront-elles leurs promesses ou ne sont-elles que des mirages spéculatifs ? Face à des marchés moins « grand public » et plus techniques, chacun tente d’y voir clair.
Dans ce contexte où l’euphorie semble avoir laissé place à une forme de maturité, le duo Finary x Hasheur pose une question essentielle : quelles sont aujourd’hui les vraies tendances et opportunités, et comment éviter les écueils du passé ? Nous vous en proposons un résumé point par point.
Un bullrun crypto pas comme les autres
Les cycles historiques de la crypto sont bien connus : 2013, 2017, 2021… et désormais 2025, marquant chaque fois une envolée des prix suivie d’une correction marquée. Jusqu’ici, ces cycles de quatre ans étaient rythmiques, presque prévisibles, bien que plus courts que ceux observés sur les marchés boursiers traditionnels (source : analyse Finary, 2025).
Le bullrun de 2025 surprend cependant par sa nature atypique. Pour la première fois, l’euphorie généralisée a laissé place à une prudence palpable : Bitcoin franchit les 100 000 $, mais l’excitation d’antan n’est plus au rendez-vous. Le marché semble partagé, oscillant entre satisfaction et insatisfaction, et la dynamique ne ressemble plus à celle des cycles passés où tout montait sans distinction.
BTC a passé les 100k… on en rêvait il y a neuf ans, aujourd’hui on se dit ‘c’est nul’. Les institutionnels sont là, le marché retail boude la crypto.
Owen Simonin, extrait Finary x Hasheur, juillet 2025
Cette évolution s’explique principalement par l’irruption massive des investisseurs institutionnels : les particuliers, qui autrefois galvanisaient les hausses, paraissent désormais en retrait, tandis que les entreprises et fonds d’investissement se positionnent massivement sur Bitcoin et quelques rares projets phares. En 2025, plus de 70 % des flux acheteurs sont institutionnels (source : Finary, données internes, juin 2025).
Le marché crypto semble entrer dans une nouvelle ère, beaucoup plus mature et structurée. La volatilité se réduit, l’attention des médias décroît, et la blockchain, concurrencée par l’IA, peine à susciter l’engouement du grand public. Face à ce contexte, la question se pose : les particuliers ont-ils définitivement cédé la place aux institutionnels ?
Les institutionnels ont-ils remplacé les particuliers ?
L’une des mutations majeures du marché crypto en 2025 concerne la redistribution des rôles entre investisseurs institutionnels et particuliers. Selon Finary et l’analyse de Hasheur, près de 70 % des flux acheteurs proviennent désormais des institutions, contre seulement 30 % lors du cycle précédent (source : Finary, entretien Finary x Hasheur, 2025).
Les particuliers, eux, semblent plus enclins à vendre qu’à acheter : plus de 80 % des vendeurs sont issus du retail, alors que les entreprises et fonds accumulent. Ce renversement historique marque la fin d’une ère, où les phases haussières étaient principalement alimentées par une vague de nouveaux entrants particuliers, souvent portés par l’euphorie et la promesse de gains rapides.
Il n’y a pas cet effet d’engouement et d’euphorie qui vient pousser le ‘fear and greed index’ dans le vert. On assiste à la normalisation de la classe d’actif.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
Cette montée en puissance des institutionnels induit une normalisation du marché : moins de volatilité extrême, des comportements plus rationnels, et une relative désaffection médiatique. Le secteur perd une part de son côté « casino », au profit d’une logique de gestion patrimoniale, d’investissements à long terme et d’arbitrages macroéconomiques.
Dans ce nouveau paysage, la volatilité demeure, mais elle s’inscrit désormais dans des schémas plus classiques, proches de ceux observés sur les marchés financiers traditionnels. Cette transition prépare le terrain pour de nouveaux équilibres et pose la question de l’évolution à long terme de l’écosystème crypto : la prochaine vague viendra-t-elle à nouveau du grand public ou la révolution crypto s’écrira-t-elle désormais dans les salles de marché des grands fonds ?
Bitcoin Treasury Companies : une nouvelle bulle ?
Phénomène marquant du cycle 2025 : la multiplication des « Bitcoin Treasury Companies », ces entreprises qui accumulent du Bitcoin pour le détenir en réserve et s’exposer à son potentiel de valorisation. L’exemple le plus connu reste MicroStrategy, dont la stratégie d’achat massif a été imitée par d’autres groupes comme Blockchain Group en France.
Ce schéma bouleverse la logique classique : en achetant des actions de ces sociétés, les investisseurs s’exposent indirectement au Bitcoin, profitant d’un effet de levier qui, dans certains cas, fait flamber la valorisation boursière bien au-delà de la valeur des actifs détenus. Certaines sociétés affichent ainsi une « prime » sur leurs actions de plusieurs centaines de pourcents par rapport à la simple détention des bitcoins en portefeuille (source : Finary, données internes, juin 2025).
Ce phénomène n’est pas sans risque : la déconnexion entre la valeur fondamentale et la valorisation boursière inquiète certains analystes, qui évoquent un risque de bulle. L’annonce de nouveaux achats ou l’entrée de sociétés sur ce créneau déclenche des hausses spectaculaires, parfois sur simple effet d’annonce. On retrouve là un comportement typique des marchés en quête de relais de croissance, au risque d’excès spéculatif.
Dès qu’une entreprise annonce acheter du Bitcoin, son cours de bourse explose : on est vraiment sur un effet de mode qui n’est pas toujours justifié par les fondamentaux.
Owen Simonin, Finary x Hasheur, 2025
Les plus prudents rappellent que si ces sociétés peuvent générer du rendement (par l’emprunt ou le prêt sur bitcoins détenus), la réalité du marché rattrape souvent les modèles trop dépendants de l’effet de mode. Certaines de ces entreprises, en s’exposant massivement au Bitcoin, attirent les investisseurs à la recherche de leviers supplémentaires ou d’un accès indirect à la crypto. Mais la question reste entière : assiste-t-on à l’émergence d’une bulle, ou à la construction d’un nouveau pilier financier fondé sur le Bitcoin institutionnel ? La question se pose pour ces acteurs :
- MicroStrategy : pionnier et plus gros détenteur coté de Bitcoin, avec plus de 226 331 BTC en juin 2025 (source : déclaration officielle MicroStrategy, 2025) ;
- Blockchain Group : société française cotée, accumulant régulièrement du Bitcoin pour ses réserves ;
- Marathon Digital Holdings : acteur majeur du minage, diversifie ses revenus avec une partie de son trésor en BTC ;
- Galaxy Digital : groupe spécialisé dans la gestion d’actifs et le trading crypto, impliqué dans l’achat institutionnel de Bitcoin ;
- Hut 8 Mining : société canadienne cotée, convertissant une partie de sa production minière en réserves stratégiques de BTC.
À noter que la valeur boursière de certaines sociétés de ce type dépasse parfois de 400 % la valeur réelle de leurs réserves en Bitcoin, illustrant la prime spéculative attribuée par le marché à leur stratégie. L’effet d’annonce suffit régulièrement à propulser leurs actions de quelques centimes à plusieurs euros, accentuant la volatilité et les risques de déconnexion avec les fondamentaux.
Ethereum est-il mort ?
La sous-performance d’Ethereum par rapport au Bitcoin constitue un sujet de débat central parmi les investisseurs en 2025. Alors que Bitcoin a progressé de plus de 70 % depuis son précédent record, Ethereum a enregistré une baisse de 45 % sur la même période. Cette différence de dynamique suscite un climat de scepticisme rare autour de la deuxième cryptomonnaie mondiale.
J’ai cru très tôt à Ethereum, j’y crois toujours pour ses fondamentaux. Mais le marché préfère parfois vendre quelque chose de ridicule plutôt que de parier sur la technologie.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
Pourtant, les fondamentaux technologiques d’Ethereum demeurent solides. La plateforme reste incontournable pour les smart contracts et le staking, deux innovations qui continuent de transformer la finance décentralisée et l’industrie des applications blockchain. Owen Simonin insiste sur le potentiel long terme d’Ethereum : il estime que le marché punit aujourd’hui les projets jugés « moins fun » ou moins à la mode, mais que la valeur d’usage finira par reprendre le dessus.

Le climat d’ambiance reste néanmoins pesant pour ETH, loin de ses sommets historiques (all-time high) de 2021. La sanction du marché s’explique aussi par la concurrence de nouveaux réseaux, capables de capter la spéculation et l’attention avec des projets très éphémères, souvent bien plus risqués.
Si Ethereum souffre aujourd’hui d’un manque de momentum, son avenir se joue sans doute sur la capacité du marché à redonner la priorité à la technologie sur la simple hype. Cette interrogation introduit la réflexion sur le sort des altcoins, dont beaucoup peinent à justifier leur existence en dehors des effets de mode.
La fin des altcoins ?
Le marché des altcoins connaît une crise sans précédent : 2025 marque la disparition massive des cryptomonnaies jugées inutiles, dont certaines enregistrent des chutes de plus de 99 % depuis leur pic (source : CoinGecko, rapport 2025). L’ère où il suffisait d’acheter « n’importe quel token » pour espérer un gain spectaculaire semble définitivement révolue.
Face à la surabondance de projets (on compte aujourd’hui plus de 50 millions de cryptomonnaies émises contre seulement 3 à 4 millions en 2021), une prise de conscience globale s’opère : seuls quelques projets solides, avec une véritable valeur d’usage, survivront. L’investissement dans les altcoins requiert désormais une analyse approfondie et une forte sélectivité, à l’opposé de l’esprit « casino » qui régnait lors des cycles précédents.
Pour Hasheur, le marché atteint un stade de maturité : le temps des cycles où tout monte simultanément est terminé. Les vagues haussières concernent désormais des niches ou des innovations technologiques spécifiques, tandis que les « memecoins » et tokens sans utilité réelle sombrent dans l’oubli. Les survivants seront les projets capables de traverser les tempêtes et d’imposer leur pertinence sur le long terme.
La tendance qu’on avait de se dire ‘tous les altcoins vont monter’, c’est terminé selon moi. Il y en aura toujours quelques-uns à défendre, mais la majorité ne survivront pas.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
Ce changement de paradigme alerte aussi sur la volatilité extrême qui continue de caractériser le secteur : pour les investisseurs débutants, l’époque des airdrops à 7 000 € ou des gains rapides par hasard appartient au passé. L’écosystème crypto s’industrialise et les critères de succès évoluent, ouvrant la voie à une nouvelle sélection naturelle. Parmi les gagnants potentiels figurent ainsi :
- Ethereum (ETH) : leader incontesté des smart contracts, innovation constante et adoption massive pour la DeFi et les NFT ;
- Solana (SOL) : rapidité des transactions, frais très bas, écosystème dynamique orienté Web3 et gaming ;
- Polygon (MATIC) : solution de scalabilité pour Ethereum, forte intégration avec de grandes entreprises et applications décentralisées ;
- Chainlink (LINK) : référence mondiale des oracles décentralisés, connectant la blockchain aux données du monde réel ;
- Avalanche (AVAX) : plateforme ultra-rapide pour la finance décentralisée, faible consommation énergétique, nombreux partenariats institutionnels ;
- Arbitrum (ARB) : leader des solutions de layer 2 sur Ethereum, permettant des transactions rapides et bon marché tout en sécurisant le réseau principal ;
- Optimism (OP) : autre acteur majeur du layer 2, axé sur la réduction des coûts et l’accélération des transactions pour l’ensemble de l’écosystème Ethereum.
Plus de 50 millions de cryptomonnaies étaient répertoriées en 2025 : la quasi-totalité de ces tokens ont subi des pertes massives, avec près de 99 % de pertes sur de nombreux projets lors du dernier crash. Seuls environ 50 à 100 projets sont aujourd’hui identifiés comme véritablement solides et pérennes, souvent portés par une utilité forte et une adoption institutionnelle croissante.
NFT, ICO, DAO, DePin, RWA… Que faut-il garder ?
La succession rapide de tendances dans l’univers crypto a vu se multiplier les acronymes et les promesses de révolutions : NFT, ICO, DAO, DePin, RWA… mais rares sont les concepts à avoir dépassé le simple engouement spéculatif. En 2025, l’heure est au tri : quelles innovations méritent vraiment de s’installer dans le paysage numérique ?
Les NFT trouvent un second souffle en sortant du marché des collectibles pour s’imposer dans l’identité numérique, l’authentification ou la traçabilité. De plus en plus d’acteurs institutionnels adoptent les NFT pour sécuriser des accès ou certifier des documents officiels. Hasheur évoque notamment leur rôle futur dans la gestion de l’identité à l’ère de l’IA : un usage qui dépasse largement la simple collection de « CryptoPunks ».
Je suis certain que les NFT deviendront indispensables à l’ère de l’IA : pour garantir son identité numérique, la technologie s’imposera bien au-delà de la mode des collectibles.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
Les DAO, quant à elles, restent un outil prometteur mais peinent encore à démontrer leur utilité à grande échelle. Si peu de cas d’usages marquants sont recensés en 2025, la capacité des DAO à instaurer des formes inédites de gouvernance démocratique continue d’alimenter les débats. L’arrivée massive de la tokenisation des actifs réels (RWA), illustrée par BlackRock qui a tokenisé une partie de ses fonds sur Solana (source : communiqué BlackRock, mai 2025), montre en revanche une avancée concrète : les actifs tangibles se digitalisent, rendant les échanges transfrontaliers plus rapides et plus transparents.
Le marché opère désormais une distinction claire : les innovations utiles (NFT d’identité, RWA, modèles de gouvernance décentralisée) gagnent du terrain, alors que les gadgets purement spéculatifs ou éphémères sont balayés par le temps. Pour les investisseurs, la vigilance s’impose afin de discerner ce qui façonnera réellement l’économie numérique de demain.
Les stablecoins : la vraie révolution monétaire ?
Parmi toutes les innovations blockchain de la dernière décennie, ce sont peut-être les stablecoins qui ont eu l’impact le plus concret sur les usages monétaires. Leur succès est indéniable : en 2025, la capitalisation totale des stablecoins dépasse 215 milliards de dollars, avec Tether (USDT) représentant à lui seul 75 % du marché (source : CoinGecko, juin 2025).
Leur principal atout ? Permettre des transactions rapides, stables et peu coûteuses en dollar numérique, sans passer par les circuits bancaires classiques. Ils facilitent l’investissement, le paiement et l’épargne sur blockchain, tout en offrant des opportunités de rendement : certains protocoles permettent aujourd’hui d’obtenir entre 5 et 12 % d’intérêt annuel sur des stablecoins, attirant aussi bien des particuliers que des fonds institutionnels (source : DeFi Pulse, 2025).
Le modèle économique sous-jacent est également spectaculaire : Tether a généré plus de 14 milliards de dollars de bénéfices en un an grâce au placement de ses réserves sur des titres du Trésor américain, profitant des taux d’intérêt élevés (source : rapport annuel Tether, 2025). Cette rentabilité exceptionnelle attire de nouveaux entrants : plusieurs banques françaises ou européennes envisagent de lancer leur propre stablecoin dans l’année à venir, selon Hasheur.
La question de la régulation reste un enjeu majeur. L’Europe mise sur une législation stricte pour encadrer ces nouvelles monnaies privées, tandis que les États-Unis accompagnent l’essor de ces acteurs par une clarification rapide du cadre légal. Pour Hasheur, les stablecoins privés ouvrent la voie à une transformation radicale de la monnaie, qui soulève aussi des interrogations profondes sur la souveraineté et la vie privée.
Toutes les banques aujourd’hui regardent pour lancer un stablecoin : c’est trop rentable, et c’est en train de devenir une nouvelle forme de monnaie numérique.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
Peut-on créer un stablecoin décentralisé ?
Si les stablecoins privés centralisés s’imposent comme la norme en 2025, la quête d’un stablecoin réellement décentralisé reste un enjeu crucial pour la communauté crypto. Les modèles décentralisés, pourtant très attendus, ont montré leurs limites lors de crises spectaculaires : l’exemple du crash de Terra/Luna en 2022 reste gravé dans toutes les mémoires, rappelant la fragilité des systèmes sans réserve centrale solide.
Le principe d’un stablecoin décentralisé ? Garantir la stabilité d’un jeton sans qu’une entreprise ou banque centrale n’ait la main sur la réserve. Mais le défi est technique et économique : si la réserve qui garantit la valeur s’effondre, le jeton peut se retrouver en chute libre, comme l’a montré l’effondrement de l’UST (Terra) qui a perdu sa parité avec le dollar en quelques heures, ruinant des milliers d’investisseurs (source : The Block, dossier 2023).
De nouveaux projets comme Etena explorent des modèles plus résilients, combinant stratégies de « delta neutre » et partenariats avec des plateformes d’échange pour stabiliser la valeur. Mais ces solutions restent souvent partiellement centralisées ou tributaires d’acteurs institutionnels, ce qui freine leur adoption comme alternative à Tether ou USDC. La régulation, notamment en Europe, impose par ailleurs des contraintes qui limitent la décentralisation totale.
La course au stablecoin décentralisé parfaitement stable est donc loin d’être terminée : entre innovation technologique, surveillance réglementaire et besoin de confiance, le marché attend encore la solution qui s’imposera à grande échelle. Cette recherche témoigne des tensions entre idéaux cypherpunks et exigences du monde financier réel.
La DeFi : encore un proof of concept ?
La finance décentralisée (DeFi) a longtemps été présentée comme la révolution ultime du secteur bancaire. Pourtant, en 2025, force est de constater que la plupart des usages de la DeFi restent concentrés sur l’échange d’actifs, la gestion des risques et la tokenisation. Pour l’instant, la promesse d’une finance entièrement accessible au grand public se heurte à des barrières techniques et à une expérience utilisateur encore complexe.
Les protocoles d’échange décentralisé comme Uniswap ou Velora agrègent aujourd’hui des milliards de dollars de liquidités et permettent d’échanger instantanément entre cryptos, sans intermédiaire. Les applications de « hedging » et de gestion de portefeuille séduisent les investisseurs expérimentés : mais le secteur peine à convaincre hors de la sphère des initiés. Les tentatives d’assurance décentralisée ou d’offres de crédit automatisé n’ont pas encore trouvé de modèle fiable à grande échelle (source : DeFi Llama, rapport 2025).

La DeFi joue un rôle essentiel dans la tokenisation d’actifs réels (RWA), ouvrant la porte à des investissements inédits, notamment dans des sociétés non cotées. Pourtant, l’adoption massive auprès du grand public reste limitée, freinée par plusieurs obstacles majeurs :
- La complexité des interfaces utilisateur, souvent peu intuitives pour les néophytes ;
- La gestion des risques, notamment le manque d’assurances en cas de perte ou de hack ;
- L’absence de filet de sécurité (garantie des dépôts, recours en cas d’erreur) ;
- Des frais de transaction parfois élevés lors des pics de congestion réseau ;
- Une réglementation incertaine, qui crée une insécurité pour les particuliers ;
- Le manque d’éducation financière et de sensibilisation aux outils DeFi ;
- Des barrières techniques pour connecter et sécuriser ses portefeuilles.
L’avenir de la DeFi dépendra de sa capacité à simplifier ses usages, à offrir des garanties et à élargir sa cible. La recherche de solutions hybrides entre finance traditionnelle et blockchain pourrait ouvrir une nouvelle ère, où la finance décentralisée s’adressera enfin à tous.
Gestion des clés privées : faut-il vraiment tout décentraliser ?
La question de la gestion des clés privées reste l’un des principaux points de friction pour l’adoption de la crypto. L’adage « not your keys, not your crypto » incarne la philosophie de décentralisation originelle. Mais la réalité des usages montre que cette approche, qui implique de gérer soi-même ses clés (souvent via un hardware wallet comme Ledger), est loin d’être accessible à tous.
Pour la majorité des particuliers, le risque de perte ou de mauvaise manipulation demeure élevé. Les plateformes centralisées et les produits financiers comme les ETF Bitcoin offrent une alternative rassurante, même si elle implique de confier la garde de ses actifs à un tiers. Selon Hasheur, beaucoup d’utilisateurs préfèrent désormais la simplicité et la sécurité perçue d’un intermédiaire, notamment pour des raisons générationnelles et de familiarité avec la technologie.
Jamais de la vie ma mère ou mon grand-père ne pourraient gérer leurs propres clés privées. Il faut des solutions adaptées à tous les profils.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
La tendance actuelle va donc vers des solutions hybrides : certaines plateformes proposent à la fois la conservation par un tiers et la possibilité de rapatrier ses clés privées. L’éducation financière devient primordiale pour permettre aux investisseurs de faire un choix éclairé entre souveraineté totale et simplicité d’usage.
Cette évolution reflète une réalité : la décentralisation intégrale n’est pas forcément le modèle dominant pour tous. À chacun de trouver le compromis qui lui convient, en fonction de son profil de risque et de ses besoins quotidiens. La prochaine étape sera sans doute la généralisation de modèles à la fois simples, sécurisés et ouverts.
Régulation crypto : Europe vs USA
L’environnement réglementaire joue un rôle décisif dans le développement de la crypto. La France et l’Europe ont choisi la voie d’une régulation stricte, exigeant des entreprises une conformité administrative et technique coûteuse. Pour de nombreux entrepreneurs, le principal frein à l’innovation n’est plus technologique, mais réglementaire.
Pour beaucoup d’entrepreneurs, le principal risque dans la crypto aujourd’hui, c’est la régulation, pas la technologie. La charge administrative peut étouffer l’innovation.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
À l’inverse, les États-Unis, portés par le retour de Donald Trump et des discours pro-crypto, accélèrent l’adoption. Le Genius Act clarifie la fiscalité des crypto-actifs et pousse l’introduction en bourse de nouveaux acteurs majeurs, comme Circle (USDC). Ce contexte attire talents, capitaux et innovations vers l’Amérique du Nord, alors que l’Europe risque de voir s’éloigner son ambition de « hub crypto ».
Cette divergence d’approche impacte directement l’écosystème, en modifiant les dynamiques de développement et d’investissement à l’échelle internationale. Plusieurs aspects sont particulièrement influencés :
- Le lancement de nouveaux produits, beaucoup plus rapide et fréquent aux États-Unis qu’en Europe ;
- Le choix de localisation pour les start-up, qui privilégient les juridictions offrant souplesse et clarté réglementaire ;
- Les flux d’investissement, orientés en majorité vers les marchés américains, portés par un environnement plus favorable ;
- L’incertitude réglementaire en Europe, qui ralentit l’innovation et complique la levée de fonds ;
- La charge administrative accrue pour les acteurs européens, générant des coûts et des délais importants ;
- La compétitivité internationale, avec un risque de fuite des talents et des capitaux hors d’Europe ;
- L’accès au marché pour les investisseurs particuliers, plus simple et direct aux États-Unis.
Pour les investisseurs, la géographie devient un critère stratégique. L’avenir de la crypto en Europe dépendra de la capacité des régulateurs à trouver le bon équilibre entre protection et dynamisme économique, dans un secteur où l’innovation ne tolère pas l’immobilisme.
Les États vont-ils devenir holders de Bitcoin ?
Une question qui agite régulièrement la communauté crypto : verra-t-on un jour des États acheter massivement du Bitcoin pour leurs réserves stratégiques ? En 2025, les États-Unis figurent déjà parmi les plus gros détenteurs mondiaux, avec près de 200 000 BTC accumulés principalement via des saisies judiciaires (source : Glassnode, juin 2025).
Cette réalité s’accompagne d’un changement de ton : Donald Trump a récemment déclaré vouloir faire des États-Unis une terre d’innovation pour la crypto et, dans la foulée, stopper la revente systématique des bitcoins saisis. Si cette politique se généralise, elle pourrait devenir un puissant catalyseur pour de nouveaux bullruns, bien au-delà du précédent record des 100 000 $ pour le BTC.
Ce qu’on attendait, c’était que les États-Unis prennent une partie de l’argent public pour acheter du Bitcoin. Aujourd’hui, ils arrêtent juste de vendre les bitcoins saisis : c’est déjà une révolution.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
En France, le sujet reste tabou : aucun projet d’achat direct n’est à l’étude, malgré quelques réflexions autour du minage avec EDF. Le potentiel d’un État qui validerait la crypto comme actif stratégique reste immense, mais la prudence politique prévaut pour l’instant sur l’audace financière.
La question reste donc ouverte : une accumulation souveraine de Bitcoin par un État pourrait-elle entraîner une nouvelle vague haussière ? Ou s’agit-il d’un scénario encore trop audacieux pour les institutions européennes actuelles ?
Les investissements de Hasheur en dehors de la crypto
Si Hasheur est reconnu comme l’un des principaux experts français de la crypto, son approche de l’investissement ne se limite pas à ce secteur. En 2025, il déclare avoir diversifié ses avoirs vers des classes d’actifs plus traditionnelles : métaux précieux, immobilier, prises de participation en bourse, notamment dans la tech ou les entreprises liées à la blockchain.
Les métaux précieux comme l’Or lui offrent une forme de sécurité patrimoniale qu’il apprécie particulièrement, alors que l’immobilier, bien que moins fluide, a fait partie de sa stratégie jusqu’à récemment. Sur les marchés financiers, il privilégie les actions en lien avec la crypto, comme Coinbase ou Circle, mais commence aussi à s’orienter vers des sociétés plus classiques pour équilibrer son exposition.
Cette diversification s’inscrit dans une logique de gestion des risques et de compréhension des mécanismes économiques, mais le cœur de son intérêt demeure dans l’innovation, la tech et les nouveaux modèles financiers. Pour Hasheur, chaque classe d’actifs répond à une logique propre, mais les principes fondamentaux de l’offre, de la demande et de la gestion à long terme restent universels.
En matière d’investissement, l’expertise sectorielle et la curiosité intellectuelle font la différence. Comprendre comment fonctionne chaque marché permet d’anticiper les tendances et de s’adapter à un monde économique en mutation permanente.
Conseils pour les débutants
Pour celles et ceux qui souhaitent aujourd’hui se lancer dans la crypto, Hasheur livre des recommandations précieuses, issues d’une décennie d’expérience. Face à un marché devenu plus mature, sélectif et technologique, il prône la simplicité et la rationalité : commencer par Bitcoin, éviter de multiplier les paris sur les altcoins et privilégier les opportunités réelles lors des lancements (launches).
Le marché s’est assagi, mais reste une source d’innovation constante. Les cycles d’euphorie laissent place à une sélection naturelle où seules les solutions réellement utiles et sécurisées s’imposent. Pour Hasheur, la diversification doit s’accompagner de patience et de curiosité : comprendre chaque actif, privilégier la gestion des risques, s’informer sur les projets et leur impact réel sont les clés d’un investissement réussi.
Si je devais recommencer aujourd’hui, je ferais beaucoup plus simple : focus sur Bitcoin, moins d’altcoins, et plus de launches là où il y a une vraie dynamique.
Owen Simonin, entretien Finary x Hasheur, 2025
Il rappelle également que l’éducation financière est essentielle pour naviguer dans ce nouvel écosystème. L’accès à la blockchain, à la DeFi ou aux NFT nécessite aujourd’hui plus que jamais une démarche active d’apprentissage et de discernement. La maturité du marché ouvre la voie à des opportunités inédites, mais exige de ne pas céder à la tentation du gain rapide ou de la hype éphémère.
Plutôt que de se contenter de suivre la tendance, l’invitation est à agir, à approfondir sa compréhension et à explorer les nouveaux modèles d’investissement proposés par la révolution crypto. À chacun de bâtir sa stratégie, selon ses moyens, son temps et ses convictions.
À l’heure où la crypto se structure et attire de nouveaux profils, pourquoi ne pas approfondir votre approche ? Découvrez la vidéo complète de Finary x Hasheur pour bénéficier d’analyses exclusives, et abonnez-vous à la chaîne pour ne rien manquer des prochaines évolutions du secteur !