Titres Titres
- L’Afrique, un terrain d’expérimentation privilégié
- Une infrastructure massive au service des données réelles
- Blockchain et règlement des échanges
- Pourquoi l’Afrique accélère l’adoption des crypto-monnaies
- Le choix de Solana comme moteur technologique
- Un projet à la croisée de plusieurs révolutions
- Et si l’avenir des villes se jouait en Afrique grâce aux DePIN ?
Une entreprise a particulièrement attiré l’attention dans la sphère blockchain ces dernières semaines en conjuguant innovation, mobilité et décentralisation. Natics, fondée par Alli, ambitionne de créer la plus vaste infrastructure de caméras urbaines connectées au monde.
Son objectif est de collecter des données visuelles et contextuelles destinées à la cartographie, à la conduite autonome et à des applications d’intelligence artificielle physique. Ce projet s’inscrit dans la dynamique des DePIN (Decentralized Physical Infrastructure Networks), un modèle qui repose sur la participation d’utilisateurs dispersés pour bâtir et exploiter des infrastructures physiques grâce à la blockchain.
Après s’être implantée dans plus de 170 pays, la société se tourne désormais vers l’Afrique, avec un point d’ancrage fort à Mombasa, au Kenya. En transformant chaque véhicule équipé en nœud de ce réseau, Natics illustre la promesse des DePIN : créer une infrastructure partagée, décentralisée et évolutive. Pourquoi ce choix stratégique et quels enjeux se dessinent pour l’avenir d’un tel projet ?
L’Afrique, un terrain d’expérimentation privilégié
Le continent africain présente une particularité souvent citée par les acteurs technologiques : la capacité à adopter directement les technologies les plus récentes sans passer par toutes les étapes intermédiaires. Ce phénomène de « leapfrog » est particulièrement visible dans les services financiers : selon la Banque mondiale, près de 45 % des adultes kenyans utilisaient déjà des services de paiement mobile comme M-Pesa dès 2021. Cette familiarité avec les solutions numériques favorise aujourd’hui l’essor des crypto-monnaies et de la blockchain.
Pour Natics, cette maturité numérique représente une opportunité stratégique. Dans un contexte où les infrastructures classiques sont parfois insuffisantes, le recours direct à des solutions décentralisées permet de gagner en efficacité. Le marché africain devient ainsi une zone test à grande échelle pour des modèles économiques reposant sur la collecte de données et la rémunération via tokens numériques.
Une infrastructure massive au service des données réelles
La promesse de Natics repose sur un constat partagé par tous les acteurs de la robotique et de la conduite autonome : la donnée réelle reste le carburant indispensable de ces technologies. Si les modèles d’IA progressent, ils nécessitent une masse colossale d’informations issues du terrain. Les 6 caméras embarquées sur les véhicules captent des images à 360° tout au long du trajet, complétées par des métadonnées telles que la position GPS et les capteurs inertiels (IMU).
Ce type de collecte systématique répond à un double besoin : enrichir les cartes numériques et améliorer les systèmes de navigation autonomes. Le marché mondial des véhicules autonomes est estimé à plus de 1 200 milliards de dollars d’ici 2030, d’après Allied Market Research. Dans ce contexte, Natics cherche à devenir un fournisseur incontournable de données brutes pour les acteurs du secteur.
Blockchain et règlement des échanges
Pour gérer un réseau mondial de contributeurs et de consommateurs de données, la blockchain s’impose comme un outil de coordination. Natics a fait le choix de bâtir son écosystème sur Solana, une blockchain réputée pour sa rapidité et ses frais réduits. Les utilisateurs qui participent à la collecte sont rémunérés en tokens, lesquels peuvent être convertis en d’autres crypto-monnaies comme l’USDC.
La gouvernance du système repose sur la participation active des détenteurs de jetons, qui peuvent placer leurs actifs en « deep staking » pour contribuer aux décisions stratégiques. Cette logique décentralisée vise à assurer une gestion transparente et collective du réseau, tout en fidélisant les premiers utilisateurs.
Pourquoi l’Afrique accélère l’adoption des crypto-monnaies
Le Kenya et d’autres pays d’Afrique de l’Est apparaissent comme des foyers de croissance pour la blockchain. Selon Chainalysis, la région d’Afrique subsaharienne représentait déjà environ 2,3 % de l’activité mondiale en crypto-monnaies en 2022, avec un volume d’échanges dépassant les 100 milliards de dollars sur un an. Cette adoption repose sur plusieurs facteurs : une forte jeunesse connectée, l’importance des transferts de fonds et l’absence d’infrastructures financières traditionnelles robustes :
- Au Nigeria, plus de 33 % des internautes ont déjà utilisé des crypto-monnaies pour des paiements ou des transferts ;
- En Afrique du Sud, environ 13 % des adultes détiennent des crypto-actifs selon une étude de 2022 ;
- Le Kenya figure parmi les cinq premiers pays au monde pour l’adoption du bitcoin, avec des volumes d’échanges avoisinant 20 millions de dollars par mois.
Ces données traduisent une dynamique qui conforte des entreprises comme Natics dans leur volonté de s’implanter durablement sur le continent.
Le choix de Solana comme moteur technologique
La décision de Natics de construire sur Solana ne relève pas du hasard. Contrairement à d’autres blockchains plus saturées, Solana offre des vitesses de transaction supérieures à 65 000 opérations par seconde, avec des frais souvent inférieurs à 0,01 dollar. Pour des utilisateurs peu familiers avec l’univers crypto, la fluidité des transactions est un élément crucial.
La compatibilité avec le portefeuille Phantom simplifie encore davantage l’expérience : il est possible d’échanger ses tokens contre d’autres actifs en quelques secondes. Cette accessibilité est au cœur de la stratégie de Natics, qui cherche à séduire des contributeurs non spécialistes mais curieux de s’intégrer dans un projet mondial.
Un projet à la croisée de plusieurs révolutions
En combinant intelligence artificielle, conduite autonome et blockchain, Natics se situe à la croisée de trois tendances majeures. L’entreprise s’inscrit dans une dynamique où la donnée devient un actif monétisable, et où la décentralisation redéfinit les modèles économiques traditionnels.
L’intelligence artificielle ne remplacera pas l’humain, mais l’humain qui utilise l’intelligence artificielle remplacera celui qui ne l’utilise pas.
Satya Nadella, PDG de Microsoft, Forum économique mondial, 2020
Cette citation résonne particulièrement avec l’ambition de Natics : permettre à chacun de contribuer à l’essor de l’IA et d’en tirer une contrepartie financière. L’enjeu dépasse la simple technologie : il redessine les rapports entre données, utilisateurs et entreprises.
Et si l’avenir des villes se jouait en Afrique grâce aux DePIN ?
L’expérimentation menée par Natics au Kenya ouvre la voie à une réflexion plus large : le continent africain pourrait-il devenir le terrain privilégié du développement des DePIN ? En combinant capteurs, caméras et connectivité, ces modèles permettent de bâtir des services publics numériques sans dépendre exclusivement des acteurs institutionnels.
Alors que l’ONU prévoit que la population urbaine africaine doublera d’ici 2050 pour atteindre près de 1,5 milliard d’habitants, les besoins en mobilité, en sécurité et en planification urbaine vont exploser. Les DePIN pourraient jouer un rôle décisif dans la gestion de ces mégapoles, en mutualisant les ressources et en valorisant la participation citoyenne. Ce modèle, encore émergent ailleurs, trouve en Afrique un terrain fertile en raison de la rapidité d’adoption des technologies numériques.
La démarche de Natics illustre ainsi une tendance de fond : donner aux habitants la possibilité de contribuer directement à la construction des infrastructures numériques de leur ville, tout en recevant une compensation via des tokens. La question reste ouverte : accepterez-vous de devenir acteur de cette nouvelle économie décentralisée, ou laisserez-vous cette transformation se jouer sans vous ?
Source : https://www.youtube.com/watch?v=GeodOJNlqU0&pp=ugUEEgJlbg%3D%3D
