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Dans un univers où les promesses sont nombreuses et les désillusions fréquentes, Owen Simonin, plus connu sous le pseudonyme Hasheur, a bâti sa réputation en gardant une ligne claire : privilégier les fondamentaux aux effets de mode.
Depuis plusieurs années, il partage une vision structurée de l’écosystème crypto, loin des emballements passagers et des discours marketing. Mais qu’est-ce qui guide vraiment ses décisions d’investissement et comment adapte-t-il sa stratégie face à l’évolution du marché ?
Ce qu’il n’a jamais considéré comme fiable
Hasheur n’a jamais cru que l’avenir de la crypto passerait par les shitcoins et memecoins utilisés comme socle de l’écosystème. Selon lui, la légitimité de cette technologie vient avant tout du Bitcoin, pionnier et catalyseur de la reconnaissance mondiale des cryptomonnaies. Les tokens éphémères ne sont, dans sa lecture, que des feux de paille.
Il rejette aussi les narratifs artificiels, ces modes soudaines où certains projets ajoutent des mots-clés comme « IA » ou « RWA » pour capter l’attention sans valeur ajoutée réelle. Même constat pour les fameuses « alt season généralisées », ces phases où la majorité des petits tokens semblaient progresser ensemble : un scénario qu’il juge désormais révolu.
Enfin, il se montre méfiant vis-à-vis des promesses irréalistes et artificielles, notamment celles reposant sur des systèmes de burns qui ne sont pas définitifs ou des stratégies marketing déconnectées des fondamentaux.
Ses croyances passées qu’il a abandonnées
Au début de sa carrière, Owen Simonin croyait fermement à la répétition mécanique des grands cycles observés en 2013, 2017 et 2021. Ces vagues haussières et baissières globales donnaient l’impression d’un marché synchronisé. Aujourd’hui, il juge que cette vision appartient au passé : désormais, chaque secteur (DeFi, stablecoins, IA) vit ses propres dynamiques, souvent influencées par Wall Street.
Il a aussi nuancé sa lecture du rôle des particuliers. Si le retail constituait jadis, selon lui, la force motrice des hausses prolongées, il estime aujourd’hui que les flux majeurs proviennent des investisseurs institutionnels. Cela change profondément la structure du marché, avec des phases d’euphorie beaucoup plus courtes, car les capitaux circulent bien plus vite.
Des convictions ancrées sur le long terme
Malgré ces ajustements, certaines convictions se sont renforcées avec le temps. Pour Hasheur, le socle reste clair : Bitcoin et Ethereum demeurent les piliers incontournables de tout portefeuille crypto. Il souligne que plus les années passent, plus son allocation en BTC se consolide.
Il insiste également sur l’importance des revenus réels : seuls les protocoles capables de générer du cash-flow et de racheter leurs propres tokens (buyback/burn) créent une valeur durable. C’est ce qu’il appelle le « Fi Switch », une transition d’un marché spéculatif vers un marché appuyé sur des activités économiques tangibles.
La blockchain sera d’abord utile pour les paiements, le transfert de valeur, la propriété et l’authentification.
Owen Simonin, conférence Paris Blockchain Week, avril 2023
Dans cette logique, il ne croit qu’aux leaders de catégories : comme en bourse, les acteurs dominants survivent tandis que les clones disparaissent. Les stablecoins, offrant entre 8 et 12 % de rendement selon les plateformes, jouent aussi un rôle stratégique : ils constituent pour lui une forme de « hausse quantitative » et un pilier défensif du portefeuille.
Une répartition d’investissement réfléchie
Concrètement, Hasheur structure son portefeuille autour d’un cœur solide et de satellites plus opportunistes. Le duo Bitcoin/Ethereum reste central, représentant ses plus fortes convictions. Il a même maintenu sa position en ETH lorsque celui-ci est tombé autour de 1 700 $.
À côté, il a récemment renforcé sa position sur Solana, qu’il considère comme un pari d’avenir. Il conserve aussi une sélection réduite d’altcoins leaders, mais de manière marginale : chacun ne représente que 1 à 3 % de son portefeuille, avec une rotation possible selon les tendances. Il cite notamment :
- PancakeSwap et Raydium, projets intégrant des mécanismes de rachat de tokens ;
- Chainlink, leader dans l’oracle décentralisé ;
- Uniswap et certains DEX émergents, qu’il surveille pour leur adoption institutionnelle.
Une part significative de son portefeuille reste investie en stablecoins. Cette poche défensive, qui génère des rendements compris entre 8 et 10 %, joue un rôle de stabilisateur et permet de capter une croissance quantitative régulière.
Les filtres méthodologiques de sa stratégie
Pour sélectionner ses investissements, Hasheur applique une grille stricte. Chaque projet doit cocher au moins un des critères suivants :
- utilité réelle ;
- narrative forte mais crédible ;
- mécanismes économiques durables comme le buyback/burn ;
- potentiel d’adoption institutionnelle.
Cette approche se distingue des stratégies plus opportunistes qui misent uniquement sur l’effet de mode. Elle repose sur une conviction claire : seules les infrastructures robustes survivront à long terme, à mesure que le marché se professionnalise et que les grands acteurs financiers s’y installent.
Vers une adoption durable et institutionnelle
Hasheur estime que la tokenisation des actifs financiers — actions, obligations, actifs réels (RWA) — est inévitable. À ses yeux, la blockchain trouvera d’abord des usages concrets dans le transfert de valeur, les paiements et l’authentification. Cette perspective place les cryptos dans une logique d’intégration progressive à l’économie réelle.
Pour les investisseurs particuliers, cela invite à réfléchir : faut-il continuer à courir derrière chaque nouvelle hype ou, au contraire, bâtir une stratégie patiente et sélective ? Les choix d’Owen Simonin offrent une piste de réflexion : consolider un cœur de portefeuille solide, diversifier avec mesure et considérer la blockchain comme une infrastructure de long terme plutôt que comme un terrain de spéculation passagère.