Titres Titres
Lorsque vous utilisez Ethereum pour envoyer des fonds ou interagir avec une application décentralisée, un élément revient systématiquement : des frais supplémentaires dont le montant varie d’une opération à l’autre. Ces frais, appelés “frais de gas”, intriguent souvent par leur appellation technique et leur caractère parfois imprévisible. Ils constituent pourtant une pièce centrale du fonctionnement de la finance décentralisée : sans eux, aucune transaction ne pourrait être validée ni sécurisée. Mais que représentent-ils exactement, et pourquoi sont-ils si déterminants pour comprendre la DeFi ?
Que signifie le gas sur Ethereum ?
Sur Ethereum, chaque transaction consomme des ressources du réseau : du calcul, de la mémoire et de la bande passante. Pour mesurer et rémunérer cet effort, la blockchain utilise une unité spécifique appelée “gas”. Plus une opération est complexe, plus la quantité de gas nécessaire augmente et le coût s’élève. Par exemple, échanger des tokens via un protocole de finance décentralisée est plus coûteux qu’un simple transfert d’Ether. Selon les données publiées par Ethereum.org en 2023, un transfert classique mobilise 21 000 unités de gas, tandis qu’une interaction avec un contrat intelligent (smart-contract) peut dépasser les 200 000.
Les frais de gas existent pour équilibrer l’usage du réseau et récompenser ceux qui le sécurisent.
Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereum
Ces frais ne sont pas un surcoût arbitraire, ils constituent le moteur économique qui incite les validateurs à traiter les transactions et sécuriser la blockchain. Sans eux, le réseau serait vulnérable aux abus et personne ne consacrerait ses ressources informatiques pour vérifier les opérations. On retrouve donc ce principe sur toutes les blockchains, même si le mot “gas” reste surtout associé à Ethereum et à ses réseaux compatibles comme Polygon ou Arbitrum.
Comment se calculent et se paient les frais de gas ?
Comme nous l’avons vu précédemment, les frais de gas permettent de rémunérer les validateurs qui assurent le bon fonctionnement du réseau. Au‑delà du principe, il est essentiel de comprendre comment ces frais sont fixés et prélevés au moment de valider une transaction.
Depuis la mise à jour London en 2021, Ethereum applique un système composé de deux éléments : le “base fee”, déterminé automatiquement par le protocole en fonction de la demande sur le réseau, et la “priority fee”, choisie par l’utilisateur pour accélérer l’exécution. Cette évolution a rendu les frais plus prévisibles, car le base fee est désormais ajusté de bloc en bloc pour éviter des variations trop brutales liées aux pics d’activité.
Le paiement se fait toujours en Ether, mais rarement dans des montants entiers. C’est pourquoi le prix du gas est exprimé en gwei, une fraction infime d’ETH. Concrètement, 1 gwei équivaut à 0,000000001 ETH, soit un milliardième d’Ether. Cette subdivision rend possible le réglage précis du coût des transactions, sans quoi les montants apparaîtraient trop élevés pour des opérations courantes et donc peu pratiques.
Par exemple, si le prix du gas est fixé à 20 gwei et que votre transaction consomme 50 000 unités de gas, le coût final sera de 20 × 50 000 = 1 000 000 gwei, soit 0,001 ETH. Au cours de 1 600 € pour un Ether, cela représente environ 1,60 € pour valider l’opération. Cet exemple illustre à quel point le coût dépend à la fois de la consommation en gas et du prix du gwei au moment de la transaction.
Lorsqu’un portefeuille comme MetaMask ou Coinbase Wallet vous affiche le coût de votre transaction, il convertit automatiquement ce calcul pour vous montrer le montant final, en Ether puis souvent en euros ou en dollars afin de faciliter la décision.
Facteurs de variation des frais et comment les atténuer
Comme nous l’avons vu, les frais de gas fluctuent selon trois principaux paramètres : la congestion du réseau, la complexité de la transaction et le cours de l’Ether. Ces variations expliquent pourquoi une opération peut coûter quelques centimes un jour et plusieurs euros le lendemain. Pour ne pas subir ces écarts, il existe plusieurs méthodes éprouvées qui permettent de limiter l’impact des frais tout en continuant à utiliser la DeFi.

Choisir des moments plus opportuns
Le niveau d’activité du réseau Ethereum n’est pas constant. Les heures de forte utilisation, souvent liées aux marchés américains et européens, entraînent des frais plus élevés. À l’inverse, le week‑end ou durant la nuit (heure européenne), la demande est plus faible et les prix du gas baissent. Selon les données de Dune Analytics (2024), les frais moyens peuvent chuter de 30 % à 40 % durant ces périodes moins congestionnées. Surveiller les heures creuses est donc une stratégie simple mais efficace.
Utiliser des solutions de layer 2
Ethereum est une blockchain dite “layer 1”, c’est‑à‑dire la couche principale qui enregistre toutes les transactions. Les “layers 2” sont des solutions qui traitent les opérations en dehors de la blockchain principale puis envoient uniquement un résumé des résultats sur Ethereum. Cela réduit considérablement la charge du réseau et donc les frais pour les utilisateurs qui choisissent ces alternatives. Parmi les plus populaires, on trouve Arbitrum, Optimism ou encore zkSync, où les frais peuvent être divisés par 10 par rapport à l’Ethereum mainnet.
Ajuster la vitesse d’exécution de la transaction
La plupart des portefeuilles, comme MetaMask, proposent trois vitesses de validation : lente, moyenne et rapide. Ce choix n’influence pas la quantité de gas consommée, mais le prix payé pour chaque unité de gas. Plus la priorité est élevée, plus les validateurs seront incités à inclure la transaction rapidement dans le prochain bloc. Ainsi, accepter une vitesse “lente” peut réduire significativement le coût si vous n’êtes pas pressé, tandis qu’un choix “rapide” assure une exécution quasi immédiate, mais à un tarif plus élevé.
Privilégier des protocoles DeFi optimisés en gas
Tous les protocoles DeFi ne consomment pas la même quantité de ressources. Certains, comme Uniswap v3, ont été conçus pour limiter le nombre d’interactions nécessaires lors d’un swap, ce qui réduit la consommation de gas. De même, des agrégateurs comme 1inch identifient pour vous le chemin le moins coûteux en gas pour exécuter un échange en comparant plusieurs routes possibles. Ces optimisations ne suppriment pas les frais, mais elles permettent d’en réduire la part inutile.
Une maîtrise des frais pour mieux profiter de la DeFi
Optimiser les frais de gas peut sembler anecdotique pour ceux qui se contentent de conserver leurs cryptos et d’effectuer des transactions ponctuelles. En revanche, pour les utilisateurs qui interagissent régulièrement avec la DeFi, l’optimisation devient essentielle. Réduire ses frais sur chaque opération compte, car c’est la clé pour préserver ses rendements et donner plus de cohérence à sa stratégie au fil du temps sans laisser les coûts grignoter les bénéfices.