Les + populaires

BTC ETH SOL XRP BNB USDC USDT

Suivez-nous

Le minage de Bitcoin peut-il valoriser le surplus énergétique français ?

IAavec
Titres Titres

Depuis les années 2010, l’empreinte carbone du Bitcoin sert souvent de repoussoir, mais la technologie de calcul intensif pilotable attire aussi les gestionnaires de réseaux en quête de flexibilité. En France, où la production électronucléaire assure 65 % de l’électricité en 2024, les mégawatts excédentaires deviennent un sujet politique : peut-on vraiment les monétiser plutôt que de les gâcher ?

L’idée prend corps à mesure que les épisodes de surproduction se multiplient. RTE calcule que près de 80 millions d’euros d’électricité ont été soldés à perte en 2024. Cette facture invisible pèse sur EDF, sur la dette publique et, in fine, sur le consommateur. De quoi nourrir le débat que nous retraçons ici, étape par étape, jusqu’à son rebondissement parlementaire en juin 2025.

Reste une interrogation de taille : la proposition de miner du Bitcoin avec l’excédent d’énergie est-elle une opportunité stratégique crédible, ou bien un simple mirage financier ?

Un casse-tête de surplus récurrent

Après la crise de corrosion 2022, le parc nucléaire a retrouvé en 2024 un niveau de production de 361,7 TWh, soit une hausse de 13 % en un an. Couplée à 5 GW de solaire supplémentaire, cette abondance provoque régulièrement des prix négatifs sur le marché de gros.

Pour certains ingénieurs, le minage agit comme un puits de consommation instantané : les machines s’allument quand la courbe s’emballe, puis s’éteignent en tension réseau. L’expérience de pays comme l’Islande sert de référence technique.

  • Réduction des arrêts à chaud des réacteurs ;
  • Valorisation de la chaleur fatale des ASIC ;
  • Soutien financier potentiel au démantèlement.

Mars 2025 : l’exécutif entrouvre la porte

Le 28 mars 2025, à l’issue d’une visite chez Ledger à Paris, la ministre du Numérique Clara Chappaz reconnaît publiquement que le sujet « n’est pas qu’un slogan politique mais mérite une analyse pragmatique ». Elle ajoute :

L’utilisation du surplus énergétique pour miner du Bitcoin est un vrai sujet ; regardons-le sérieusement, sans idéologie.

Clara Chappaz – Ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique en 2025

Sa déclaration rompt avec la prudence habituelle de Bercy. Dès avril, plusieurs groupes parlementaires sollicitent la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour chiffrer un scénario pilote de 100 MW au pied de centrales nucléaires.

Mai-juin 2025 : des députés mobilisés

Le 12 juin 2025, plus de soixante-dix députés cosignent l’amendement n°545 rattaché au projet de loi 1522 sur la simplification énergétique. Le texte propose un rapport d’opportunité sur le minage afin d’absorber les excédents et de rapporter jusqu’à 150 millions $ par GW et par an, selon les évaluations de l’Adan.

Les promoteurs soulignent que les fermes peuvent être « arrêtables en trente secondes » ; les opposants objectent un risque d’image et l’absence de cadre fiscal pour les revenus en cryptomonnaies.

16 juin 2025 : douche froide parlementaire

Quatre jours seulement après son dépôt, l’amendement 545 est déclaré « irrecevable » au titre de l’article 98 du règlement de l’Assemblée nationale. Motif : son lien trop indirect avec le texte principal et l’absence d’étude d’impact préalable.

Cette décision remet en question la fenêtre réglementaire entre-ouverte par le gouvernement. Les défenseurs du projet promettent de revenir à l’automne avec une proposition mieux arrimée au débat sur la compétitivité industrielle.

Où se situent les mineurs domestiques dans cette histoire ?

Pour un particulier, le tarif bleu base avoisine aujourd’hui 0,20 € / kWh, tandis qu’un ASIC Bitmain S21 (200 TH/s, 17,5 J/TH) consomme 3,5 kW en continu. À ce prix, la facture électrique approche 600 € par mois, soit plus que la valeur des bitcoins extraits après le halving d’avril 2024.

Illustration de la progression fulgurante de la gamme Bitmain entre le premier S1 (2013) et le tout récent Antminer S21.
Lors du World Digital Mining Summit 2023, Bitmain a illustré la progression fulgurante de sa gamme entre le premier S1 (2013) et le tout récent Antminer S21 visible à droite.

La rentabilité n’apparaît que sous trois conditions :

  1. Accès à une électricité inférieure à 0,10 € / kWh ;
  2. Refroidissement gratuit (air nordique, eau industrielle) ;
  3. Revente immédiate des coins pour limiter la volatilité.

C’est pourquoi nombre de petits mineurs français migrent vers des coopératives hydrauliques rurales ou vers le cloud-mining étranger.

Un avenir encore suspendu

Rien n’empêche théoriquement EDF de lancer une expérimentation hors cadre législatif, mais l’incertitude réglementaire dissuade les investisseurs. Dans le même temps, le marché européen de l’électricité poursuit son intégration, tandis que la pression pour une neutralité carbone rapide s’intensifie. Entre prudence politique et attrait technologique, la France devra trancher : laisser filer son surplus énergétique… ou tenter l’aventure Bitcoin.

Optimisez vos coûts bancaires
Revolut
Profitez d'abonnements gratuits

Donnez votre avis

5.0/5 basé sur 1 vote
ou bien laissez un avis détaillé


Partagez cet article maintenant !

Envoyez simplement nos contenus crypto et finance à vos proches.


Partagez votre avis

Partagez votre avis