Titres Titres
- Un actif numérique désormais sensible à la macroéconomie
- La dette française, un risque européen
- Un contexte politique qui freine toute solution
- Le rôle décisif de la Banque centrale européenne
- Pourquoi cette situation intéresse les investisseurs crypto
- De l’or numérique à la réserve de valeur européenne
- Et si c’était le retour du Bitcoin politique ?
La dette publique française, qui atteint désormais plus de 3 200 milliards d’euros, soit environ 110 % du PIB national, n’est plus seulement une affaire hexagonale. Elle inquiète les marchés financiers internationaux et interroge les investisseurs en cryptomonnaies, notamment ceux qui voient dans le Bitcoin une alternative crédible à la monnaie traditionnelle.
Pourquoi cette situation intéresse-t-elle autant les acteurs de la finance numérique et que pourrait-il se passer si la France cessait d’inspirer confiance ? Voici pourquoi la macroéconomie pèse désormais plus que jamais sur le marché des cryptos et comment la Banque centrale européenne (BCE) pourrait en devenir l’arbitre. Un décryptage réalise suite à la publication de cette vidéo de Hasheur.
Un actif numérique désormais sensible à la macroéconomie
Depuis la création des premiers ETF Bitcoin, notamment celui lancé par BlackRock aux États-Unis, le marché des cryptomonnaies ne se limite plus à un microcosme technologique. Les investisseurs institutionnels, fonds de pension et gestionnaires d’actifs analysent désormais les mêmes indicateurs macroéconomiques que pour les marchés traditionnels. Les flux de capitaux, les taux d’intérêt, ou encore la santé budgétaire des États ont pris une importance considérable dans la valorisation du Bitcoin et des actifs numériques.
Cette tendance se confirme d’ailleurs avec la corrélation croissante entre les cryptomonnaies et les marchés actions. Selon CoinMetrics, la corrélation sur 90 jours entre le Bitcoin et le Nasdaq 100 a atteint 0,6 au premier trimestre 2024, un niveau historiquement élevé. Un signe clair que les variations des politiques monétaires influencent désormais directement les marchés crypto.
La dette française, un risque européen
La France se trouve aujourd’hui dans une position délicate. Environ 60 % de sa dette est détenue par des investisseurs étrangers. Cela signifie que toute perte de confiance dans la solvabilité de l’État français pourrait rapidement provoquer un désengagement et une hausse brutale des taux d’intérêt. Une hausse des taux français pourrait rapidement se propager aux pays voisins comme l’Espagne, l’Italie ou la Belgique, selon le même schéma observé lors de la crise grecque en 2011.
Entre 2009 et 2022, les taux d’intérêt des obligations d’État oscillaient autour de 1,5 %, voire moins. Aujourd’hui, ils dépassent les 3,8 %, un niveau qui pèse lourdement sur les finances publiques. Le service annuel de la dette française représente déjà plus de 57 milliards d’euros, soit l’un des premiers postes de dépense de l’État selon la Cour des comptes.
Un contexte politique qui freine toute solution
Le problème n’est pas uniquement financier : il est aussi politique. Depuis 2022, le gouvernement ne dispose pas de majorité absolue et peine à faire adopter des réformes structurelles. Les propositions de réduction budgétaire ou d’augmentation d’impôts soulèvent une forte opposition dans un contexte social déjà tendu. Cette paralysie politique alimente la méfiance des marchés, convaincus que la France ne pourra pas stabiliser ses comptes avant au moins 2026.
À cela s’ajoute une échéance cruciale : le projet de loi de finances 2025 doit être validé d’ici le 31 décembre. Une période qui s’annonce décisive pour l’économie française et, indirectement, pour la stabilité monétaire européenne.
Le rôle décisif de la Banque centrale européenne
L’institution fera tout ce qu’il faut pour préserver l’euro.
Déclaration de Mario Draghi lors de la conférence Global Investment à Londres le 26 juillet 2012
Face à une remontée des taux souverains, la BCE dispose de plusieurs leviers. Elle peut choisir de ne rien faire, au risque de laisser s’étendre une crise obligataire, ou au contraire d’intervenir massivement sur les marchés. Ses armes principales restent la baisse des taux directeurs ou un programme ciblé de rachats d’obligations d’État, comme le TPI (Transmission Protection Instrument) mis en place en 2022 :
- Une baisse des taux directeurs réduirait le coût de refinancement des États ;
- Un rachat d’obligations renforcerait la confiance des investisseurs dans la dette française ;
- Un programme d’assouplissement quantitatif étendu réinjecterait de la liquidité dans le système financier européen.
Mais ces solutions ont un revers : elles risquent d’alimenter l’inflation et de dégrader la perception de l’euro comme monnaie forte. C’est ici que le lien avec les cryptomonnaies devient évident.
Pourquoi cette situation intéresse les investisseurs crypto
Lorsque la confiance dans les devises traditionnelles diminue, les investisseurs se tournent souvent vers des actifs alternatifs : l’or, les matières premières ou le Bitcoin. L’or, considéré comme valeur refuge, a d’ailleurs vu son prix grimper de près de 100 % en deux ans selon le World Gold Council, atteignant des records historiques en 2024. Le Bitcoin se place aujourd’hui dans cette même logique de préservation de valeur dans un environnement incertain.

Sa nature décentralisée et sa quantité limitée à 21 millions d’unités lui confèrent un rôle de contrepartie naturelle aux politiques monétaires expansionnistes. Les cycles d’interventions monétaires de la Fed et de la BCE coïncident régulièrement avec les phases haussières du marché crypto, preuve que la macroéconomie influence désormais directement les actifs numériques.
De l’or numérique à la réserve de valeur européenne
Si la BCE devait intervenir pour freiner la hausse des taux, cela reviendrait, sous une forme ou une autre, à créer de la liquidité. Une telle décision affaiblirait mécaniquement l’euro et renforcerait l’attrait du Bitcoin en tant que réserve de valeur alternative.
Comme le rappellent les économistes de Deutsche Bank, « chaque intervention monétaire significative réactive le débat sur la nature du Bitcoin : actif spéculatif ou couverture monétaire ? ». Le Bitcoin cherche encore sa place dans ce nouvel équilibre entre risque et confiance.
L’histoire de sa création en 2008, en pleine crise bancaire mondiale, en fait un symbole de résistance aux abus des institutions financières. Ce contexte refait surface aujourd’hui avec l’instabilité européenne : le même scepticisme vis-à-vis des politiques de taux et d’endettement refait surface sous une forme numérique.
Et si c’était le retour du Bitcoin politique ?
Les prochains mois seront déterminants. La BCE devra arbitrer entre lutte contre l’inflation et soutien à la stabilité financière. Quant aux investisseurs, ils observeront si la France parvient à rassurer les marchés ou si une nouvelle ère d’incertitude s’ouvre en Europe. L’enjeu dépasse les frontières : il s’agit de la crédibilité même de la monnaie européenne face aux actifs décentralisés.
Pour vous, investisseurs, cette période appelle à une réflexion stratégique : faut-il considérer le Bitcoin comme une couverture durable contre le risque souverain européen ? Ou attendre que la BCE montre ses cartes ? Dans tous les cas, une chose est sûre : la macroéconomie n’est plus une option, elle est devenue une clé de lecture essentielle pour comprendre l’avenir des cryptos.