Titres Titres
- Les paiements et transferts, terrain d’application immédiat
- La tokenisation des actifs et le retour du “bon au porteur”
- L’identité numérique et l’authentification dans un monde saturé par l’IA
- Les marchés financiers comme catalyseurs de l’adoption
- Robots et objets connectés : un futur encore lointain
- Quand intelligence artificielle et blockchain se rencontrent
- Une technologie prête mais dépendante des institutions
Longtemps perçue comme un outil réservé à la spéculation financière, la blockchain évolue aujourd’hui vers des usages beaucoup plus concrets. Si les cryptomonnaies ont popularisé son existence, l’avenir de cette technologie se jouera ailleurs : dans son adoption par les institutions, les entreprises et les États.
Déjà prête sur le plan technique, elle attend désormais d’être reconnue officiellement pour transformer des domaines clés de notre économie et de notre vie quotidienne. La question est donc simple : quels seront les usages durables de la blockchain dans les années à venir, et lesquels resteront au stade de l’expérimentation ?
Les paiements et transferts, terrain d’application immédiat
L’un des champs d’application les plus prometteurs concerne les paiements et les transferts internationaux. La blockchain permet une portabilité mondiale et instantanée des actifs financiers, qu’il s’agisse d’actions, d’obligations ou encore de stablecoins. Alors que le transfert d’actions entre deux courtiers traditionnels peut prendre jusqu’à deux mois, une transaction équivalente via blockchain est réglée immédiatement.
Au-delà de la rapidité, la réduction des coûts constitue un autre avantage. Les frais moyens pour un transfert international s’élèvent encore à plus de 6,0 % selon les données de la Banque mondiale, un poids considérable pour les particuliers comme pour les entreprises. La blockchain pourrait ramener ces coûts proches de zéro, bouleversant ainsi l’ensemble du secteur bancaire et des paiements transfrontaliers.
XRP s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Conçu pour servir de monnaie de pont entre différentes devises, il permet des transactions validées en 3 à 5 secondes, avec des frais souvent inférieurs au centime d’euro. Ce positionnement en fait un outil privilégié pour les paiements cross-border, notamment parce qu’il supprime la nécessité de maintenir de multiples comptes dans différentes devises et réduit les frictions liées aux conversions monétaires.
En combinant l’efficacité technique de la blockchain et des cas d’usage déjà testés par des institutions financières, les paiements et transferts constituent ainsi le premier terrain où cette technologie démontre son potentiel. XRP illustre cette mutation en apportant rapidité, coûts réduits et transparence, annonçant une transformation durable des infrastructures de règlement internationales.
La tokenisation des actifs et le retour du “bon au porteur”
Un autre usage prioritaire repose sur la tokenisation : il s’agit de transformer des actifs financiers traditionnels en jetons numériques inscrits sur une blockchain. Actions, obligations, immobilier ou matières premières peuvent ainsi être représentés sous forme de titres numériques, reconnus comme équivalents aux titres classiques dès lors qu’ils reçoivent un cadre légal officiel.
Ce mécanisme renoue avec l’esprit du “bon au porteur” : le détenteur est le propriétaire indiscutable de son titre, sans possibilité pour une banque ou un intermédiaire de le manipuler. La confiance dans la propriété est renforcée, et l’échange de ces actifs devient fluide et universel. Plusieurs expériences grandeur nature ont déjà foulé cette voie :
- En 2023, BlackRock a lancé un fonds monétaire tokenisé sur Ethereum ;
- Le Nasdaq a déjà expérimenté l’émission d’actions tokenisées dans un cadre de test ;
- La Banque européenne d’investissement a émis en 2021 une obligation numérique de 100 millions d’euros sur la blockchain Ethereum.
L’identité numérique et l’authentification dans un monde saturé par l’IA
À mesure que l’intelligence artificielle progresse, la question de l’authenticité devient centrale : comment distinguer un texte, une image ou une vidéo produite par un humain de celle générée par une machine ? La blockchain pourrait apporter une réponse en servant de socle pour des systèmes d’authentification basés sur la signature par clé privée.
L’identité numérique est un droit humain fondamental qui doit être protégé et sécurisé par des technologies robustes.
Ban Ki-moon, ancien secrétaire général de l’ONU, Forum économique mondial, 2018
Une telle approche aurait des applications multiples : connexions sécurisées aux services en ligne, vérification d’identité lors d’élections, contrôle dans les aéroports. Cependant, son adoption dépendra des institutions. Sans reconnaissance officielle des États et des administrations, ces solutions resteront à l’état de prototypes, comme l’ont montré plusieurs tentatives en 2017 et 2021, jugées trop en avance sur leur temps.
Les marchés financiers comme catalyseurs de l’adoption
Wall Street et le Nasdaq s’intéressent déjà aux titres financiers tokenisés. Les grandes institutions financières voient dans la blockchain un moyen de réduire leurs coûts d’infrastructure et d’accélérer la circulation des capitaux. L’intérêt actuel porte surtout sur des cas immédiatement rentables : paiements, obligations numériques, stablecoins et marchés secondaires.
La créativité, comme l’émergence de nouveaux modèles financiers, viendra plus tard. D’abord, les institutions doivent stabiliser l’usage de la technologie dans leurs opérations quotidiennes. L’histoire montre que c’est souvent par la finance que les grandes innovations technologiques franchissent le cap de la généralisation.
Robots et objets connectés : un futur encore lointain
Certains imaginent un futur où les robots et objets connectés interagiraient financièrement entre eux via blockchain. Un taxi autonome pourrait ainsi payer automatiquement un autre véhicule pour prendre le relais, tandis que des drones coordonneraient leurs livraisons grâce à un registre commun décentralisé.

Si cette vision séduit, les experts restent prudents : avant de permettre à des machines de s’échanger de l’argent en toute autonomie, il faut garantir un contrôle strict des automatismes. Les infrastructures techniques existent, mais la priorité immédiate est ailleurs : sécuriser les usages humains avant d’ouvrir la porte aux transactions machine-to-machine.
Quand intelligence artificielle et blockchain se rencontrent
Une autre perspective souvent évoquée concerne l’interaction entre intelligence artificielle et blockchain. Certains imaginent des IA reliées à des organisations autonomes décentralisées (DAO), capables de rémunérer des humains pour obtenir des informations ou des services. À long terme, il est probable que la blockchain devienne l’infrastructure de paiement privilégiée des IA, grâce à son caractère universel et décentralisé.
Néanmoins, beaucoup de narratifs actuels autour du couple IA/crypto relèvent davantage du marketing que d’un besoin réel. Les usages pratiques restent à inventer, et la prudence s’impose pour éviter de répéter les erreurs du passé, lorsque des projets trop précoces ont été lancés sans reconnaissance institutionnelle.
Une technologie prête mais dépendante des institutions
Le futur de la blockchain se dessine donc selon un double horizon. À court et moyen terme, ses usages les plus solides concerneront les paiements internationaux, la tokenisation des actifs financiers et l’identité numérique dans un monde bouleversé par l’intelligence artificielle. À plus long terme, d’autres scénarios plus audacieux, tels que des robots ou des IA capables d’interagir financièrement, pourraient voir le jour.
La réussite de cette transformation repose sur une condition centrale : l’adoption institutionnelle. Banques, États et régulateurs devront reconnaître officiellement les titres et identités basés sur blockchain pour qu’ils deviennent partie intégrante de notre quotidien. L’infrastructure technique est déjà prête, mais c’est la reconnaissance légale qui décidera de son avenir.
Pour chacun d’entre vous, cela pose une question concrète : serons-nous prêts à accepter, demain, que notre identité, notre argent et nos actifs circulent dans un monde entièrement numérique ?